lundi 16 janvier 2012

TPE 2011-2012

Malcie Loiseau, Déborah Mendez, Julie Pastre

Lycée Pardailhan, Auch. 



◄♦  LA FEMME ET LA GRANDE GUERRE  ♦►



I/ Les femmes, soutien pour les hommes au front. 
     a) les infirmières
     b) la correspondance 
     c) la solidarité, les "marraines de guerre"

II/ Les femmes à l'arrière.
     a) au foyer
     b) à l'usine, au travail
     c) travail agricole

III/ Evolution de la condition de la femme et de sa place dans la société
     a) émancipation économique
     b) émancipation sociale
     c) émancipation politique

dimanche 8 janvier 2012

INTRODUCTION




En 1914, la première guerre mondiale éclate. Les hommes sont mobilisés au front entraînant la diminution de la main d'oeuvre. En 1914, le Gouvernement lève donc une réglementation quant au travail des femmes. Cette guerre est l'exemple même de l'importance de la femme dans la société, et sa nécessité dans l'effort de Guerre. Les femmes, durant cette période, vont connaître un bouleversement, se retrouvant bien souvent à la place des hommes. En effet, de nombreuses femmes se voient obligées de travailler dans les usines, en tant qu'infirmières, ouvrières, ou encore dans les champs à la place des maris, des frères, des proches... Pourquoi peut-on dire que les femmes ont joué un rôle majeur lors de la Grande Guerre de 1914-1918 ?
          Nous répondrons à ces interrogations, en expliquant, d'une part, le soutien que les femmes ont apporté pour les hommes au front. Puis, d'autre part, nous analyserons l'effort apporté par les femmes dans différents domaines à l'arrière. Pour finir, nous essaierons de voir si la Grande Guerre a permis une évolution de la place de la femme dans la société d'après-guerre. 

LES INFIRMIÈRES

            Lors de la guerre, les femmes n’ont pas hésité à apporter leur aide aux soldats. En effet, le transports des blessés jusqu’aux hôpitaux, étant longs et périlleux, elles acceptèrent leur rapatriement au front. Leurs tentes furent installées à une distance minime du champ de bataille malgré le danger. Le travail des infirmières consistait à administrer aux soldats blessés des analgésies, les aider dans leur toilette, seconder les chirurgiens qui les opéraient mais également à soutenir les combattants tout au long de leur processus de guérison. La plupart de ces femmes travaillaient bénévolement, même si les risques qu’elles encouraient étaient importants, elles n’étaient pas rémunérées. A cette époque, les infirmières bénévoles sont regroupées sous 3 sociétés d’assistance enregistrées par le ministère de la guerre : la Société de Secours aux Blessés (SSBM : infirmières hospitalières), l’Association des Dames Françaises (ADF : infirmières hospitalières) et l’Union des Femmes de France (UFF : infirmières ambulancières). En général, elles étaient vêtues d’une blouse blanche et portaient une coiffe. Elles avaient pour insigne une croix rouge (symbole de la Croix Rouge Française) qui indiquait leur qualification. Leurs outils de travail étaient sommaires et les médicaments étaient souvent remplacés par des produits moins coûteux et ainsi moins efficaces. A partir de 1916, les ambulances étaient toutes conduites par des femmes. Effectivement, elles devaient être disponibles à tout moment et prêtes à intervenir dans toutes les situations.


         Au Canada, les infirmières jouèrent un rôle fondamental durant la Grande Guerre, dans leur pays comme à l’étranger. En effet, différentes unités furent transférées en France pour apporter leur aide et fournir de meilleurs soins, en Europe, on compte plus de 2 504 infirmières canadiennes, ces dernières soignèrent près de 540 000 soldats blessés. Katherine Macdonald fit partie des infirmières envoyées sur le front occidental, elle apporta son aide aux français et servait dans l’un des hôpitaux les plus près du front. On la nomme « matrone » en chef du Corps infirmier militaire relevant du Corps expéditionnaire canadien. Les dégâts de la guerre étaient tels que les infirmières de l’hôpital étaient « débordées de patients qui [leur] arrivaient du champ de bataille ». Le poste d’évacuation sanitaire avait été bombardé. Plus tard, ce fut à son tour l’hôpital de cette infirmière qui fut touché par les bombes le 19 mai 1918 à Etales. Morte à 31 ans, il s’agit de la première infirmière canadienne tuée à la guerre.  Elle aimait aider et servir les autres et était fière de tout ce qu’elle avait pu entrevoir durant la Grande Guerre. 53 infirmières furent tuées, tout comme elle, lors d’un service commandé.
C’était une femme, comme de nombreuses autres, relativement courageuse. Leur tenue, blanche, est signe de pureté. Elles soignèrent, consolèrent et apportèrent leur soutien aux soldats du front tout en endurant la cruauté de la guerre. 




samedi 7 janvier 2012

LA CORRESPONDANCE

          Pendant la Première Guerre mondiale, les femmes apportent du bon au moral des troupes. Elles offrent parfois un réconfort physique mais le plus souvent moral par leur présence lors des permissions ou par la correspondance entretenue avec les poilus.
La guerre fut vécue par les hommes à travers leur correspondance. A travers leur lettres, les hommes exprimaient leurs besoins de réconfort auprès de leurs familles à l’arrière ou des marraines de guerre. Les lettres témoignent de leurs préoccupations au sujet des exploitations mais aussi des combats. On relève également de longues descriptions concernant l’environnement des soldats ainsi que leurs conditions de vie. (comme la description des rats, des tranchées, la vermine qui les démange, l’odeur des cadavres ou le bonheur de la permission.)
          Dès le début de la guerre, les missives expédiées par les soldats comme celles qu'ils reçoivent sont contrôlées. Mais c'est en 1916 que sont mises en places des commissions de "contrôle du courrier". Elles consistent a chercher des informations qui pourraient intéresser l'ennemi (position des troupes, état des forces,...). Le pacifisme qualifié le plus souvent de défaitisme et les manifestations de découragement sont traqués. Pour préserver le moral de l'arrière, l' Etat ne fait pas savoir ce qui se passe réellement au front,(la boucherie du chemin des Dames, le sort des fusillés pour l’exemple, etc...) La vie a l’arrière n’est pas si simple que l’on peut le penser sur le front.
Les femmes participent donc à la guerre mais ne la vivent pas de la même façon. Hommes et femmes ne seront donc pas marqués de la même manière.

Exemple de lettre du front
"Ma chère Jeanne. Tu ne m’en voudras pas j’espère de ne pas t’avoir écrit plus longuement hier. Nous étions prévenus qu’il faudrait peut-être partir pour aller toujours de l’avant et de nous tenir prêts. Je n’ai pas même écrit à la maison. Qu’est ce que tu veux, c’est la guerre et pour tout de bon à présent ma toile de campement en sait quelque chose et moi aussi qui y étais à côté. Alors nous disons comme d’habitude ça va toujours très bien et vous en souhaite de même à tous.
MARCEL ne m’a pas encore écrit. Nous sommes tout près de VERDUN, ça vaut pas Palavas les flots.
Adieu ma chère petite que j’aime, c’est fini pour ce soir. Je t’embrasse bien fort mais de bien loin hélas. Encore une autre bise.
Albin"

LA SOLIDARITÉ DES FEMMES

Pendant la Première Guerre Mondiale, alors que les hommes étaient au front en train de se battre, des femmes aussi appelées «marraines de guerre», soutenaient les soldats. Cette institution fut créée afin d'apporter du soutien moral aux soldats. La Guerre s'éternisant, aucune disposition n'avait été mis en place pour aider les soldats moralement. En effet, à cause des conditions de vie épouvantables dans les tranchées, le froid, la boue, la solitude, le manque de leurs proches ... Les marraines de guerre écrivaient ,entre autre des lettres d'encouragement, envoyaient des colis aux soldats avec surtout de la nourriture ou du tabac et rencontraient aussi certains d'eux pendant leur permission. Même les soldats pouvaient passer des annonces dans des journaux pour "choisir" leur marraine idéale ! Cette initiative consistait à ce que les soldats même célibataires et seuls, n'ayant pas de lien avec des proches, aient de la compagnie, du soutien...Les marraines de guerres étaient donc pour certains soldats un lien fort avec le monde "hors de la tranchée" ou même une seconde famille.


Exemple d'annonce d'un officier et d'un lieutenant, recherchant des marraines de guerre.
Comme marraines de guerres, il y avait également de nombreuses femmes solidaires qui portaient leur aide «aux gueules cassées» dans les hôpitaux en tant qu'infirmières volontaires. La Croix Rouge est notamment très présente durant la Grande Guerre car elle effectue elle aussi des oeuvres de charité. Dès les premiers jours de 1914, les trois sociétés issues de la crétation de la Croix Rouge Française, ADF, UFF, SSBM, se mobilisent et mettent en place des infirmières et des hôpitaux. 1453 hôpitaux ont été crée pendant la Première Guerre Mondiale, on trouvait aussi des hôpitaux ambulants, des péniches-ambulances, ambulances chirurgicales au front et la Croix Rouge envoyait même des colis vestimentaires aux soldats, les conditions météorologiques étant très mauvaises. Cependant, la Croix Rouge aidait aussi les populations civiles en créant des cantines de gare, des aides alimentaires aux permissionnaires
On n'oublie souvent de parler, de l'aide physique apportée par les femmes durant la Grande Guerre. En effet, la guerre, entrainant une longue séparation des sexes, fut une source de frustration affective mais aussi sexuelle pour les soldats. Cette intervention des femmes quant au maintien du bon moral des soldats par la prostitution était très mal vu à l'époque, un sujet "tabou". De plus, il y avait un paradoxe, entre ceux qui pensaient que la prostitution contribuait au bon moral du soldat, et ceux qui considéraient que cela ne pouvaient que le démoraliser, et ôter sa force morale et physique... La marraine de guerre devient alors un péril social scandaleux, le reflet du délabrement des moeurs. Le journal La Vie Parisienne trait les marraines de guerre "d'agence de prostitution". Petit à petit, les marraines sont dénigrées et décrites comme des vieilles filles qui profitent des circonstances de la guerre, pour se lancer dans le jeu de la séduction. 
 
Vicomtesse Benoist d'Azy, marraine de guerre, du fort de Douaumont





LES FEMMES AUX FOYERS

La Grande Guerre rend la vie des femmes de plus en plus difficile, les obligeant à gérer seules le foyer. Les femmes doivent encore s'occuper de leur famille, seules... La nourriture manque, d'une part à cause des récoltes mauvaises en l'absence des hommes, et d'autre part de l'alimentation étant avant tout destinée à l'effort de guerre et aux poilus. De plus, les femmes doivent faire face au rationnement alimentaire dû au manque de nourriture. Elles sont nombreuses à attendre devant les magasins d’alimentation afin d’obtenir de la nourriture.
Cet état de fait renforce la difficulté des travaux des femmes pendant Première Guerre mondiale, car les corps sont affaiblis par les privations de nourriture.
Il est également difficile pour elles de se ravitailler en combustible, en chauffage. Elles vivent dans la peur de perdre un être cher, un proche : un mari, un fils, un ami, un parent... mais elles sont aussi dans l'attente de nouvelles du front. On décompte entre autre près de 630 000 veuves après le premier conflit mondial, donc de nombreuses vies brisées. De nombreuses femmes se retrouveront seules avec leurs enfants et devront se reconstruire moralement, tout en assurant la subsistance pour tout le foyer.
Il ne faut pas non plus négliger le sort très difficile des femmes vivant dans les départements occupés par l’ennemi. On est sans nouvelle des familles, des maris et des femmes pendant toute la guerre qui subissaient une occupation très dure de la part des Allemands…


Malgré ces conditions d’une dureté extrême, les femmes ont non seulement assuré leur rôle traditionnel mais ont aussi, en l’absence des hommes, en ont assumé de nouveaux pendant ce conflit. 

LES FEMMES AU TRAVAIL, LES FEMMES A L’USINE

              Le 7 août 1914, les femmes sont appelées par le chef du gouvernement Viviani pour travailler et remplacer les hommes mobilisés. En effet, c’est dans son discours « Aux femmes Françaises » qu’il s’exclame : « Debout donc, femmes françaises, jeunes enfants filles et fils de la Patrie ! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur les champs de bataille ». La majorité des femmes qui travaillaient pendant la guerre avaient déjà un emploi rémunéré. En général, elles étaient fermières, ouvrières ou avaient un métier féminin comme infirmière ou bien institutrice. Lors de la guerre, elles remplacèrent les ouvriers mobilisés et travaillèrent dans la fabrication d’armement. En 1914, on recense plus de 7 millions de femmes qui travaillent. Quelques années plus tard, fin 1917, le personnel féminin dans l’industrie et dans le commerce est supérieur de 20% à son niveau d’avant guerre. Pour permettre aux femmes de travailler de nombreuses démarches ont été mise en place. Effectivement, il a fallu vaincre la méfiance des industriels, soumettre d’innombrables circulaires, ouvrir des bureaux d’embauche mais aussi exposer des affiches.
Femmes dans les usines

            En avril 1916, un comité du Travail Féminin voit le jour. Il a pour but de recruter les ouvrières, de s’occuper de leur acheminement vers les usines d’armement et de leur trouver un hébergement. Les femmes se mettent à travailler dans des entreprises, occupant un emploi dont elles n’ont pas la formation. Celles travaillant dans les entreprises d’armement furent appelées « munitionnettes », c’est elles qui fabriquent les obus ou encore les munitions. Il leurs arriver de travailler plus de 10h par jour. En 4 ans, elles fabriquèrent plus de 300 millions d’obus et plus de 6 milliards de voitures. Dans l’industrie de guerre, elles représentent un quart de la main d’œuvre.
Munitionnettes 
            D’après le tableau ci-dessous, on remarque que le nombre de femmes actives avant et après la guerre n’a pas beaucoup évolué. En effet, la plupart des femmes qui travaillèrent pendant la guerre, comme dit ci-dessus, détenaient déjà un emploi. Pas mal d’entre elles changèrent donc de secteur d’activité. Mais il faut savoir qu’à cette époque et durant la guerre il était difficile de recenser le nombre de femmes qui travaillaient, surtout celles du domaine agricole.

     D'autre part, on constate que les inégalités de revenu entre les hommes et les femmes sont toujours présentes durant la guerre. En effet, dans certains domaines le salaire maximum d'une femme active représente le salaire minimum d'un homme. 



LES FEMMES AUX CHAMPS

Avant 1914, les femmes habitant à la campagne aident déjà bénévolement leurs maris dans les exploitations. Pour faire une métaphore, les hommes sont « patrons » des exploitations agricoles, les femmes leurs « employés». Mais quand ils partent à la Guerre, les hommes laissent leurs charges de travail aux femmes, et ceci crée une nette augmentation du travail des femmes. Pour reprendre l'exemple utilisé, les « employés » deviennent leurs propres « patrons ». A partir de ce moment-ci , les femmes sont plus visibles. Elles sont soutenues par les enfants et les vieillards ainsi elles peuvent assurer la continuité des exploitations agricoles. Seulement le manque de main d’œuvre s’ajoute à la diminution de la production d’engrais, de pesticides et d’outillage car les industries chimiques et métallurgiques donnent la priorité à l’armement. La production diminue donc d’un cinquième pour le lait et la viande, d’un tiers pour les céréales, de moitié pour le vin et les pommes de terre, des quatre cinquièmes pour le sucre.


Le 7 août 1914, Viviani, le président du Conseil, qui songe à une guerre courte, fait appel aux femmes pour qu'elles achèvent la moisson puis qu'elles entreprennent les travaux de l'automne.


« Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie.
Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille.
Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés !
Il n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime.
Tout est grand qui sert le pays.
Debout ! A l'action ! A l'oeuvre !
Il y aura demain de la gloire pour tout le monde ».

4-18. Le magazine de la Grande Guerre, n° 1, avril-mai 2001 

EMANCIPATION ECONOMIQUE

     Pour les femmes, la guerre de 1914-1918 a également eût un impact économique. Elles ont par exemple l'accès aux postes du secteur tertiaire car elles doivent remplacer les hommes partis au front. Elles deviennent, par ailleurs, employées de bureaux, guichetières de banques, factrices, gardes champêtre...etc. Par ailleurs, avec la création du baccalauréat féminin, en 1919, elles ont accès à de nouvelles écoles et activités qui leur étaient fermées auparavant. En somme, elles ont pu bénéficier d'un accès à des postes, jadis réservés aux hommes En revanche, lorsque les hommes rentrèrent de la guerre, ils reprirent leur emploi, laissant les femmes à leur place intitiale. Ces inégalités sur le plan salarial ont causé quelques grèves féministes.
     De même, certaines femmes se risquent à la création d'entreprises.
La Mère Poulard en est un exemple : célèbre cuisinière mondialement connue pour son auberge et son omelette, elle fut une des premières femmes à gérer sa propre entreprise.
     De plus, suite à cette guerre, les femmes peuvent accéder à des comptes bancaires., elles peuvent donc s'autofinancer.
     Pour conclure, la guerre a permis une émancipation économique des femmes, et une certaine indépendance vis à vis des hommes. Toutefois, cette émancipation ne va cesser de s'accroître au fil du temps...

L’EMANCIPATION SOCIALE

La Première Guerre Mondiale a également provoquée une émancipation au niveau social. C'est une sorte de transition entre La Belle Époque (fin XIX°-1914) et les Années Folles (1920-1929). Pourtant, ces deux périodes sont seulement séparées par une dizaine d'années et la moitié de ces dix années est occupée par la guerre.
Premièrement, on remarque une émancipation au niveau vestimentaire et capillaire. A la Belle Époque, les femmes portaient de hauts chignons, elles étaient engoncées dans leurs corsets, empêtrées dans leurs longues robes et dans un certain nombre de principes. En revanche, durant les Années Folles, les femmes se libèrent de tout, la coupe à la « garçonne » remplace les chignons, les longues robes en laissant placent aux jupes courtes ou aux pantalons et les principes sont transformés; les femmes dansent le charleston, fument la cigarette et conduisent des voitures. Une nouvelle image naît inspirées de La Garçonne écrit par Victor Margueritte en 1922 (cet ouvrage jugé choquant à l'époque lui a valut de se faire retirer la Légion d'honneur). Coco Chanel est la figure emblématique de cette évolution, elle a en effet vécue de 1883 à 1971.
La Garçonne de Victor Margueritte                                          Coco Chanel 

De plus, l'émancipation sociale des femmes est également traduite par une émancipation sexuelle, libérant la femme des mœurs traditionnelles.
           Ensuite, le deuxième fait majeur de cette émancipation sociale est l'accès des femmes à quelques postes tertiaires. Effectivement, la féminisation du secteur tertiaire commence bien avec la Première Guerre Mondiale. Les femmes conductrices de véhicules, employées de bureau, guichetières dans les banques, commis d'administration, factrices, gardes champêtres...se multiplient. La création du Baccalauréat féminin en 1919, puis d'un Baccalauréat identique pour les deux sexes favorisent donc l'accès aux études et aux activités qui jusqu'alors leurs étaient impossibles.
Mais en définitive, le bilan de la guerre pour l'emploi des femmes n'est pas réellement positif. Car de retour de la guerre, les hommes retrouvent leurs places dans les usines et évincent ainsi les femmes de leurs postes. Ces dernières sont en plus de ceci, touchées par l'arrêt de l'économie de guerre, et par une image de profiteuses et d'usurpatrices. Seules les veuves chargées d'orphelins sont traitées plus en douceur. De plus, uniquement les femmes issues de catégories privilégiées peuvent acquérir des automobiles, mener une vie trépidante ou encore accéder aux études.
Concluons qu'il y a bien, certes, une émancipation sociale et une évolution de l'emploi féminin de 1914 à 1918, mais pas de révolution. Il faudra attendre les années 1960...

L’EMANCIPATION POLITIQUE



La Grande Guerre a-t-elle permis une réelle émancipation politique des femmes ?

       La Grande Guerre a permis aux femmes de faire accroître leurs revendications et leurs idées au gouvernement. Ces revendications font partie d'un mouvement particulier : le féminisme, mouvement puissant et diversifié était un féminisme des droits, revendiquant, après le droit à l'instruction des filles, le droit au travail des femmes et une législation appropriée ainsi que la modification du Code Civil faisant de la femme mariée une mineure juridique (comme le précise l'article 213 «le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari»), et surtout le droit de vote.
 Durant la Guerre, de nombreuses femmes étaient pacifistes, pour la paix et donc contre la guerre. Être pacifiste à cette époque pour une femme était quelque chose d'impensable, car elles prenaient une position politique et faisaient donc face à l'idée traditionnelle de la femme qui soigne les blessés, qui exalte le patriotisme, qui suit la tradition de l'éducation, en somme !

  De plus,pendant la Grande Guerre on a pu voir des femmes faire des grèves ou encore adhérer à des syndicats, phénomène nouveau pour les femmes ! Un exemple, en mai 1917 avec les couturières (appelées aussi "midinettes) de la maison Jenny , qui protestèrent contre la hausse des prix et réclamèrent le retour aux tarifs d'avant-guerre . Elle furent 10 000 ouvrières dans la rue. Cette grève résulta, au bout de deux semaines, à un congé payé du samedi après-midi et à une augmentation et prime devie chère.  De plus, dès 1914, des femmes adhérèrent à des syndicats, 90 000 adhérentes environ, soit un peu moins de 9% de l'ensemble des syndiqués.


 Apogée d'une campagne active depuis plusieurs années, l'année 1914 aurait pu être l'année des femmes, avec l'espoir pour elles de voter aux municipales de 1916. Mais la Guerre brise cette dynamique et oblige les femmes à redéfinir leurs priorités, repoussant leurs revendications à 1917 où elle seront plus nombreuses qu'auparavant.
La revendication principale et la plus importante pour les féministes est l'égalité des droits politiques. En effet, elles réclament le droit de vote, elles sont nombreuses (un demi million) à répondre «JE VEUX VOTER» à l'appel des organismes féministes.
La voix des femmes se fait entendre grâce à certaines militantes comme Hélène Brion, figure emblématique du féminisme pacifiste et porte parole politique des femmes.

Hélène Brion

 Comme figure du féminisme pacifiste, on trouve aussi Louise Bodin qui comme de nombreuses femmes dès 1914 et surtout à partir de 1915, refusa la guerre.
Née à Paris en 1877, Louise Bodin vit une vie paisible en province entre sa famille et l'écriture.Elle épousa un professeur de l'école de médecine de Rennes avec qui elle eut trois enfants. Elle entreprit des études de lettres. Plus tard, elle présida le groupe local de l'UFSF et commença à publier dans des hebdomadaires en prenant position sur les lycées des filles, la littérature féminine, les sufragettes entre autre... Quand son mari fut appelé au front en tant que médecin-chef des armées, Louise Bodin devint infirmière-major. Pour elle la guerre était une chose inévitable, obligeant les femmes à faire comme toutes les autres. Selon elle, même si les oeuvres entrepris par les femmes les ennoblissaient, elles étaient tout de même considérées comme des créatures inférieures et irresponsables. En 1916, elle commença à publier des articles à la compassion des femmes, des veuves, des des mères, des épouses...puis s'adresse directement au généraux «Ô hommes ! Pourquoi ne voulez-vous pas entendre les cris et les sanglots des femmes ? » (La France, Décembre 1916).
La guerre a suscité chez Louise Bodin une véritable prise de conscience l'obligeant à s'engager en tant que journalistes : Elle écrivit dans La France, La Voix des Femmes, L'Humanité, La Pensée Bretonne, L'Internationale...

La guerre fut donc pour les femmes, outre leur soutien et leur aide à l'effort de guerre, source de révolte, de grèves, de syndicalisation. On peut donc bien dire que la guerre a permis une émancipation politique de la femme.




"Le maire c'est moi !", Mme Macherez


CONCLUSION GÉNÉRALE

            Tout au long de la guerre les femmes ont joué un rôle majeur sur le front comme à l’arrière. Certaines s’engagèrent bénévolement en tant qu’infirmières pendant que d’autres comme les « marraines de guerre » s’occupaient de correspondre avec les soldats, elles pouvaient également leurs rendre visite au front et ainsi les soutenir aussi bien moralement que physiquement. Malgré la Grande Guerre, les femmes doivent continuer à s’occuper de leur foyer et de leurs enfants. Cependant, le 7 août 1914 elles sont appelées à remplacer les hommes au travail par le Président du Conseil René Viviani. Ainsi, les femmes se mettent à travailler dans les usines, laissant de côté le travail dans lequel elles étaient employées. On assiste alors à une féminisation du secteur tertiaire. Les « munitionnettes », qui s’occupent des industries d’armement et de la création d’obus et de munitions, sont les mieux payées. En effet, en 1917 leur écart moyen de salaire avec les ouvriers masculin n’est plus que de 20% contre 50% en 1913. Les femmes remplacent également les hommes sur les champs, elles doivent assurer la production de rendements nécessaires pour nourrir l’ensemble du pays. Avec la Grande Guerre, leur condition évolue peu à peu. Elles peuvent désormais s’autofinancer, créer des comptes et gérer leur argent. On note aussi, à cette époque, un changement de style vestimentaire, de coiffure. Les femmes deviennent plus « masculines », une nouvelle image voit le jour, celle de la « Garçonne ». On assiste à une libération de la femme et des mœurs traditionnelles. De plus, les femmes veulent faire valoir leurs revendications et réclament le droit de vote qu’elles n’obtiendront qu’en 1944 : c’est la naissance du féminisme. Les inégalités hommes/femmes ont beau diminuer au fur et à mesure, elles restent malgré tout présentes.

SOURCES

Sites web :







Livres :

1914-1918 : combats de femmes, dirigé par Evelyne Morin-Rotureau
Il y a un siècle… la femme, de Rosine Lagier